L'
internalisation est l'opération inverse de l'externalisation qui consiste, pour une entreprise, à confier à un tiers la production d'un bien ou d'un service, qu'elle décide de ne plus assurer elle-même.
Dans le contexte de la mondialisation de la production, l'
internalisation peut se faire de plusieurs façons, par
- internalisation à l'étranger : l'entreprise mère effectue certaines activités dans des filiales situées à l'étranger, en créant de nouvelles unités de production, ou en rachetant des entreprises déjà existantes;
- réinternalisation dans le pays d'origine : l'entreprise rapatrie en son sein des activités anciennement externalisées, ou rachète les entreprises prestataires.
La combinaison de plusieurs stratégies d'entreprise explique la confusion entre
internalisation et relocalisation, ou rapatriement des activités.
Internalisation, rapatriement des activités, relocalisation?
Les multinationales qui externalisent leurs activités recourent souvent à l'externalisation à l'étranger. De ce fait, dans le processus inverse, on confond souvent
internalisation et relocalisation/rapatriement des activités dans le pays d'origine. Dans la pratique, la décision d'une multinationale de transférer une partie de ses activités à l'étranger, à l'interne ou à l'externe, ne change pas grand-chose aux yeux des salariés du pays d'origine qui perdent leur emploi.
Ainsi, du point de vue des travailleurs et des syndicats, il importe plus de savoir si les emplois sont transférés dans un autre pays (que ce soit au sein de filiales de la multinationale ou au sein d'entreprises sous-traitantes), ou s'ils sont rapatriés dans le pays d'origine.
Réinternalisation
« Une enquête de Deloitte Consulting le confirme : de grandes entreprises américaines font machine arrière dans leurs projets d'
outsourcing et réintègrent tout ou partie de l'informatique ou des
business process qu'elles avaient externalisés. […]
Du coup, le cabinet ne le conseille [la
réinternalisation] aux grandes entreprises que dans cinq cas de figure précis : opérations à la fois centralisées et standardisées;
commodities (produits ou services de base, de grande diffusion); projets de transformation transférables; transfert de risque (typiquement les assurances); transformation de coûts fixes en coûts variables. Et, dans tous les cas, à condition d'avoir une
task-force en interne suffisamment compétente pour gérer les relations avec le partenaire.
Autre idée forte de Deloitte : les grandes entreprises, compte tenu de leur taille et de leurs ressources, peuvent se réorganiser en interne de manière à obtenir les mêmes avantages de réduction de coûts que ceux proposés par les prestataires. »
(Fayard, L.,
« Nouvelle tendance : la "réinternalisation" », dans
01 Informatique, n
o 1812, 2005, consulté le 28-04-2010)
Internalisation, externalisation et marché du travail
« Les firmes mènent une politique d'
internalisation des coûts de la main-d'œuvre […] pour la partie qualifiée de leur personnel, tout en développant un volant flexible de plus en plus important (face aux aléas de la conjoncture). Flexibilité interne et flexibilité externe se combinent […]. Seules les grandes entreprises, multinationales ou publiques, développent des politiques de formation du personnel (
internalisation de la main-d'œuvre), à travers des stratégies de "flexibilité fonctionnelle" ou "interne" (polyvalence et rotation de la main d'œuvre, politiques de qualité, gestion à flux tendus...). Pour l'essentiel, les PME nationales et étrangères ont un très faible investissement dans la formation […]. Cette absence d'investissement en capital humain s'inscrit aussi dans une politique d'externalisation des coûts salariaux, faisant peser les risques économiques et sociaux en dehors de l'entreprise et impliquant de nombreux avantages (fiscaux...). Elle s'inscrit dans des stratégies de flexibilité externe du travail (fragmentation des collectifs du travail, mobilité accélérée, précarité croissante...) et handicapent à long terme la productivité et la compétitivité de ces PME. »
(Hugon, P. et N. Pagès,
« Ajustement structurel, emploi et rôle des partenaires sociaux en Afrique francophone », dans
Cahiers de l'emploi et de la formation, n
o 28, 1998, consulté le 28-04-2010)