L'activité économique est mondiale non seulement par son rayon d'action, mais aussi par son organisation. L'évolution des technologies, l'abaissement des barrières douanières et la libre circulation des capitaux ont donné naissance à des réseaux de production et de technologie qui s'étendent sur toute la planète.
Les sociétés transnationales (STN) sont la force motrice des
réseaux de production. Selon la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation, « 65 000 entreprises multinationales, auxquelles approximativement 850 000 sociétés étrangères sont affiliées, sont les acteurs clés de ces systèmes. Elles coordonnent les chaînes d'approvisionnement mondiales qui relient les entreprises hors du système de production formel. »
(Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation,
Une mondialisation juste : créer des opportunités pour tous, Genève, Bureau international du travail, 2004, p. 37, consulté le 16-05-2010)
Un
réseau mondial de production permet à l'entreprise de simplifier et de raccourcir sa chaîne d'approvisionnement, et de réduire le temps nécessaire à l'approvisionnement simultané des marchés clés. Les grands sous-traitants étant maintenant sur toute la planète, l'entreprise peut optimiser la production entre les différentes installations et adapter en permanence le niveau de leurs stocks en fonction de la demande. Elle met sur pied des services logistiques (expédition, gestion des stocks, commerce en ligne) dans tout le
réseau. Par ailleurs, la participation à un
réseau de production mondial permet à l'entreprise de faire l'économie de la création de son propre réseau de distribution, de vente et de services, charge considérable pour les entreprises, même les grandes multinationales. Elle réduit, par exemple, les frais liés à la collecte d'information sur les préférences des clients étrangers et à la mise en place de réseaux de distribution et de services.
Réseau mondial de production et développement
« La question fondamentale est de savoir comment les pays, en particulier les pays en développement, peuvent concrétiser les bénéfices potentiels de la participation aux
réseaux mondiaux de production, au plan du développement, de la modernisation industrielle et des emplois (décents). La mobilité des capitaux (IDE) et la participation des pays à ces réseaux entraînent-elles une pression à la baisse sur les normes du travail et érodent-elles les relations professionnelles? Quelles sont les réponses possibles? Quelles sont les responsabilités des différents agents publics et privés? »
(Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation,
« Comment les réseaux transfrontières de production et de technologie peuvent-ils promouvoir le travail décent, la croissance et le développement dans un contexte national? », 2003, consulté le 08-07-2010)
Selon le Bureau international du travail (BIT), « la participation aux
réseaux mondiaux de production fait partie de la stratégie d'intégration à l'économie mondiale de nombreux pays en développement. Devenir un fournisseur de ces réseaux peut aider les pays à accéder aux nouvelles technologies, aux nouvelles méthodes de production et aux nouveaux marchés, et à créer ainsi de l'emploi. Tel est le cas de pays qui ont noué des liens avec les acheteurs mondiaux, tandis que de nombreuses entreprises voient leurs commandes progresser et leur gestion s'améliorer. »
(Institut international d'études sociales,
Conférence de recherche de l'IIES : Travail décent, politique sociale et développement, Genève, Organisation internationale du travail, 2006, consulté le 08-07-2010)
Réseau mondial de production et emploi
« Ces
réseaux mondiaux de production offrent à de nombreux pays et entreprises un point d'entrée pour participer aux marchés mondiaux. En fonction des conditions initiales, ils offrent des possibilités d'emploi, de transferts de technologie et de savoir-faire, et d'amélioration de la productivité. Toutefois, la projection transfrontière des systèmes nationaux de production, que ce soit par l'investissement étranger direct, la sous-traitance ou l'externalisation de l'approvisionnement, a également induit des changements dans la relation d'emploi et généré dans certains cas des formes d'emploi plus précaires. On craint de plus en plus que les pays n'entrent dans une concurrence d'ordre réglementaire pour attirer les investissements directs étrangers et qu'il y ait un risque de surenchère des minima en termes de normes du travail dans certains secteurs. »
(Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation,
« Comment les réseaux transfrontières de production et de technologie peuvent-ils promouvoir le travail décent, la croissance et le développement dans un contexte national? », 2003, consulté le 08-07-2010)
S'interrogeant sur la quantité et la qualité des emplois créés, le BIT a examiné les marchés du travail « à travers le prisme des nouveaux
réseaux mondiaux de production induits par les courants d'échanges internationaux, l'investissement étranger direct et l'intégration régionale. Si les entreprises, en certains points de ces réseaux, fournissent des produits à forte valeur ajoutée tant du point de vue économique que du point de vue social, les marchés du travail montrent des signes de cloisonnement, de dispersion des salaires et d'affaiblissement des mécanismes traditionnels de solidarité sociale. »
(Institut international d'études sociales,
Rapport de la 39e session du Conseil de l'Institut, Genève, Organisation internationale du travail, 1997, consulté le 08-07-2010)
Réseau mondial de production et exportations
La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a également cherché à évaluer « l'intégration des pays en développement dans les
systèmes internationaux de production (aussi appelés
réseaux mondiaux de production) en tant que fournisseurs et producteurs. »
(Institut d'études diplomatiques,
Cours de formation sur les grands problèmes économiques internationaux, Ministère des affaires étrangères, Le Caire, 2007, consulté le 08-07-2010)
Les sociétés transnationales jouent un rôle majeur dans les exportations des pays en développement, selon le
Rapport sur l'investissement dans le monde (2002) publié par la CNUCED. « Dans un certain nombre de pays, elles sont à l'origine d'une large part des exportations, en particulier dans les "pays gagnants", c'est-à-dire ceux qui ont gagné le plus de parts de marché au cours des dernières décennies. La croissance de leurs exportations est directement ou indirectement liée à l'expansion des
systèmes internationaux de production des STN. Toutefois, si de plus en plus de pays s'emploient à attirer l'investissement étranger direct (IED) orienté vers l'exportation, des exportations importantes ne sont pas suffisantes, comme le souligne le rapport : elles doivent aussi être améliorées et faire appel à la valeur ajoutée locale si l'on veut que cet investissement rapporte des gains à long terme pour le développement. […]
L'amélioration de la compétitivité des exportations s'explique en grande partie par l'évolution des stratégies des entreprises, qui s'orientent vers une spécialisation au sein des
systèmes internationaux de production des STN, leurs différentes activités étant exécutées dans les pays qui offrent les meilleures conditions en termes de [sic] coût, ressources, logistique et accès au marché. En conséquence, le commerce des pièces et des composants revêt une importance croissante. Répondant à la volonté d'accroître la rentabilité des
systèmes de production, ces changements aboutissent également à de nouvelles exportations pour les pays en développement et les pays en transition. »
(Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement,
« La forte croissance des exportations dans les pays en développement est liée aux sociétés transnationales, selon le nouveau rapport de la CNUCED », 2002, consulté le 08-07-2010)
Transformation des réseaux mondiaux de production
Selon le rapport de la CNUCED, plusieurs tendances parallèles expliquent la transformation des
systèmes internationaux de production. « Les obstacles aux échanges internationaux disparaissent sous l'effet de la mondialisation, de la libéralisation et de l'innovation technologique, y compris la rapidité croissante des transports. […] Dans ce contexte, la concurrence s'intensifie et oblige les entreprises à devenir plus efficaces et à internationaliser leurs opérations. Ce faisant, de nombreuses STN concentrent de plus en plus leur cœur de métier et sous-traitent leurs autres activités à des entreprises indépendantes, quand elles ne les abandonnent pas complètement. Ces changements entraînent l'émergence de nouvelles formes de
systèmes et de
réseaux internationaux de production, qui vont de l'établissement de liens par le biais de l'IED à des relations sans prise de participation, ce qui pose des problèmes aux pays en développement mais leur offre aussi des possibilités. »
(Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement,
« La forte croissance des exportations dans les pays en développement est liée aux sociétés transnationales, selon le nouveau rapport de la CNUCED », 2002, consulté le 08-07-2010)