Théorie
C'est en 1776 qu'Adam Smith a renversé les idées mercantiles de l'époque avec la théorie du
libre-échange qu'il exposa dans son livre
Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations. Smith était d'avis que la richesse d'un pays provenait de sa main-d'œuvre et de la production de cette dernière : pourquoi produire un bien qui exige d'énormes dépenses, lorsqu'on peut se le procurer d'un autre pays à un coût moindre?
(adapté de Butler, E., Adam Smith Institute,
« Free trade », [s. d.], consulté le 18-05-2010)
La réalité
Les économistes définissent le
libre-échange comme la situation dans laquelle l'effort de chacun et de chaque nation mène à la plus grande efficacité possible. Rares sont les pays qui parviennent à une liberté complète dans leurs échanges. La plupart mettent des obstacles à la libre circulation (mesures protectionnistes, ou protectionnisme déguisé).
« En janvier 1994, le Canada, les États-Unis et le Mexique ont lancé l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et formé ainsi la plus vaste zone de
libre-échange du monde. L'Accord a suscité la croissance économique et permis de hausser le niveau de vie de la population des trois pays. En outre, l'ALENA a jeté de solides bases pour la croissance et donné un bel exemple des avantages de la libéralisation des échanges. »
(Affaires étrangères et Commerce international Canada,
« L'Accord de libre-échange nord-américain », 2009, consulté le 02-05-2010)
Débat
L'argument principal pour le
libre-échange réside dans le fait qu'il procure un accroissement du bien-être. En outre, il permet la réalisation d'économies d'échelle, la diffusion de l'innovation et encourage la concurrence internationale. En favorisant la concurrence, il incite les entreprises à adopter de nouvelles techniques.
« On fait valoir que l'augmentation du commerce et des investissements est le seul moyen qui puisse donner à tous les pays la possibilité de créer le type de croissance économique qui leur permettra de lutter avec succès contre le sous-développement et la pauvreté. En dépit de cette déclaration d'intention en faveur d'un
libre-échange accru à l'échelle mondiale, l'expérience a établi le contraire, en particulier pour les petites économies, plus vulnérables. »
(Sinckler, C. et S. Munro-Knight, Caribbean Policy Development Centre,
Questions institutionnelles : mémoire présenté en réponse à l'invitation ouverte du Comité des représentants gouvernementaux de la Zone de libre-échange des Amériques sur la participation de la société, 2002, consulté le 02-05-2010)
« L'ouverture commerciale peut être bénéfique dans certaines phases de l'histoire économique, entre certaines régions, entre certains pays, mais il existe aussi des phases durant lesquelles la protection s'avère nécessaire.
Les conséquences actuelles du
libre-échange sont connues et mesurables. Conformément à la théorie, que l'on pourrait trouver dans n'importe quel manuel d'économie internationale, les inégalités augmentent. Court-circuitant la sophistication du théorème de Heckscher-Ohlin, disons simplement que l'unification des marchés du travail et du capital aboutit à introduire dans chaque pays le niveau d'inégalité qui sévit à l'échelle mondiale. C'est pourquoi le
libre-échange tend à créer, à l'intérieur des pays développés, des poches de pauvreté dignes du tiers-monde; pourquoi aussi les riches du tiers-monde s'éloignent toujours plus, quant aux revenus, du gros de leur population. »
(Todd, E.,
Aprés la démocratie, Paris, Gallimard, 2008, p. 152)