La théorie
Ce type de politique économique a été dominant en Europe jusqu'en 1945, à l'exception de rares périodes, par exemple quand les traités franco-britanniques de 1786 et 1860 ont fait place au libre-échange. Ailleurs dans le monde, les États-Unis, le Japon et la Russie ont adopté le
protectionnisme pour favoriser le développement de leur industrie et de leur agriculture.
Friedrich List, auteur de
Das Nationale System der politischem Ökonomie (1840), est l'un des premiers théoriciens du
protectionnisme. List prônait un
protectionnisme transitoire à l'avantage des nouvelles industries selon l'argument des « industries naissantes ». Plus tard, dans la première partie du XX
e siècle, l'objectif devint plutôt de préserver l'économie nationale des chocs économiques provenant de l'extérieur. Le
protectionnisme commercial et financier n'ayant pu apporter une solution à la confusion découlant de la Première Guerre mondiale et à la crise de 1929, les échanges commerciaux furent graduellement libérés à partir de 1945.
La réalité
Le
protectionnisme est peu compatible avec la mondialisation des échanges. Il y a peu de chances toutefois qu'il disparaisse complètement. « Le
protectionnisme est une réaction spontanée face à la concurrence venue de l'extérieur. » La concurrence est plus féroce depuis la disparition de la protection naturelle des distances, ce qui peut justifier l'emploi de mesures
protectionnistes. Une autre justification est que l'agriculture peut difficilement se passer de protection pour l'occupation des sols, l'aménagement du territoire et la vie en dehors des grandes villes. Il faut aussi penser que les pays en voie de développement peuvent difficilement survivre sans une certaine forme de
protectionnisme.
(adapté de Lorot, P.,
Dictionnaire de la mondialisation, Paris, Ellipses, 2001, p. 395-397)
Les mesures protectionnistes
Le
protectionnisme s'appuie sur trois types d'instruments :
- Les tarifs douaniers (droits de douane). Ils ne peuvent augmenter, sauf pour des périodes limitées et seulement si le pays peut se justifier par le fait que la concurrence étrangère perturbe l'appareil national de production;
- Les restrictions quantitatives (contingents d'importation pour un produit donné). Elles sont interdites, mais tolérées dans les accords bilatéraux;
- Les protections non tarifaires (p. ex. : règles environnementales conçues pour empêcher l'accès de certains produits étrangers au marché national.)
« Le BIT rejette fermement l'idée du
protectionnisme comme solution aux problèmes de la pauvreté et du sous-développement, mais au contraire estime "qu'un système commercial ouvert, multilatéral est clairement préférable pour l'économie mondiale." »
(Organisation mondiale du travail,
« Les pays en développement : Les oubliés du marché mondial », 2001, consulté le 30-06-2010)
« Soulignons qu'en dépit des arguments théoriques irréfutables sur les effets bénéfiques du libre-échange, tous les pays du monde, sans exception, pratiquent diverses formes de
protectionnisme. »
(Nyahoho, E. et P.-P. Proulx,
Le commerce international : Théories, politiques et perspectives industrielles, 2
e édition, Québec, Presses de l'Université du Québec, 2002)