La
culture commerciale s'oppose à
la culture vivrière dont les produits sont destinés à l'alimentation de la famille.
Les
cultures commerciales, loin de soutenir les cultures vivrières, rivalisent avec elles pour le sol, la main-d'œuvre et les autres ressources. Dans les pays en développement, l'exportation de
cultures commerciales constitue souvent la principale source de devises, mais il s'agit là d'une source aléatoire puisque les récoltes sont sujettes à la destruction reliée aux catastrophes naturelles et que les prix sont tributaires de manipulations qu'orchestrent les pays industrialisés sur les bourses de marchandises. Ainsi, le Honduras, pour lequel les bananes constituent la source de 70 % des recettes d'exportation, a connu de grandes difficultés à la suite d'ouragans ravageurs en 1979 et 1980.
Culture commerciale et agrobusiness
Les
cultures commerciales sont étroitement associées à l'agrobusiness. Les grandes entreprises agricoles font assumer à l'agriculteur local l'intégralité des risques de la récolte, alors même qu'elles sont subventionnées par les États. L'agrobusiness pratique un dumping agricole, qui mène à la ruine les agriculteurs locaux plus petits. Pour assurer une production maximale, l'agrobusiness a généralement recours aux produits agrochimiques et à la monoculture dont les conséquences sont dévastatrices sur les sols et l'environnement.
(adapté de Crump, A.,
The A-Z of World Development: A Unique Reference Book on Global Issues for the New Century, Oxford, New Internationalist Publications, 1998, p. 7-8)
Culture commerciale et développement
Le développement des
cultures commerciales entraîne souvent un appauvrissement des pays en développement.
Des pressions sont exercées par des institutions comme le Fonds monétaire international pour développer ces cultures :
« La prise de position officielle, qui constitue souvent une condition pour consentir le prêt aux pays désireux d'emprunter au Fonds ou à la Banque mondiale, exige que le pays en cause s'adonne à des
cultures commerciales destinées à l'exportation – comme le café, le cacao, le caoutchouc ou l'huile de palme, qui demandent un sol très fertile mais épuisent vite ses éléments nutritifs. Mais les prix que paient les pays industrialisés pour ces produits de base ont décliné et les pays en développement se sont efforcés de multiplier ces cultures […]. Comme il faut de plus en plus de terres pour les
cultures commerciales, les pauvres sont contraints d'occuper des terres marginales qu'ils défrichent pour les cultiver, perpétuant ainsi le cycle de misère écologique. »
(Département de l'information des Nations unies,
« La pauvreté et l'économie mondiale. Sommet Planète Terre. Aperçu des grands thèmes », 1992, consulté le 23-08-2010)
Guerre de la banane
Les intérêts financiers associés à la
culture commerciale sont si importants qu'ils donnent lieu à des conflits internationaux. L'histoire du colonialisme a parfois été liée à celle de la grande exploitation agricole.
Jusqu'en 1934, les États-Unis n'ont pas hésité à intervenir militairement dans les pays producteurs de bananes. On a appelé ces interventions «
banana wars ». L'expression «
guerre de la banane » a été reprise plus récemment pour désigner les conflits résultant d'interventions non plus militaires, mais économiques, notamment entre l'Union européenne, les États-Unis et certains pays d'Amérique latine.
Négociations internationales
L'agriculture dans les pays en développement fait l'objet d'importantes négociations internationales (Doha en 2001; Cancún en 2003; Genève en 2004; Hong Kong en 2005; et Genève en 2006). Les parties n'ayant pu s'entendre sur les droits de douane et les subventions, les négociations ont été suspendues en 2006 pour reprendre de nouveau à Genève en 2008.
(adapté de l'Organisation mondiale du commerce,
« Programme de Doha pour le développement : Négociations en cours et mise en œuvre », [s. d.], consulté le 23-08-2010)
Comme le proclamait Kofi Annan en 2004 :
« Plus que tout, pour l'agriculture nous avons besoin d'un accord favorable aux plus pauvres. Aucune autre question ne met plus en péril le système commercial multilatéral, dont tous bénéficient largement ».
(Evans, R.,
« À Davos, le Cycle de Doha alimente le débat », dans
Forum du commerce international, n
o 1, 2004, consulté le 23-08-2010)
Un encadrement mondial des politiques de subsides et de barrières douanières pourrait rendre plus équitables les pratiques de la
culture commerciale.
Rôle des femmes
« Le rôle que les femmes jouent dans l'agriculture varie selon la région et le pays. […] Là où la
culture de rapport à grande échelle a été introduite, ce sont les hommes qui ont tendance à s'en charger, surtout si elle est très mécanisée, alors que les femmes se chargent de plus en plus de la production alimentaire familiale et de la
culture de rapport à petite échelle, à l'aide de technologie rudimentaire. Les femmes représentent une large proportion de la main-d'œuvre agricole des plantations. »
(Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture,
« La contribution des femmes à la production agricole et a la sécurité alimentaire : situation actuelle et perspectives », dans
Genre et sécurité alimentaire. Rapport de synthèse de documents régionaux : Afrique, Amérique Latine et les Caraibes, Rome, FAO, 2003, consulté le 23-08-2010)