Une définition plus large englobe « toutes les connaissances produites et mobilisées dans les activités économiques, que celles-ci concernent la technologie, l'organisation, les marchés, etc. […]
L'
économie du savoir correspond à un nouveau mode de développement, qui tient moins à une hausse de la quantité de savoir produit qu'à une transformation de l'organisation économique autour de la connaissance. Elle est caractérisée par une accélération du rythme de l'innovation, par une production de plus en plus collective des savoirs et par une croissance massive de leur diffusion grâce aux TIC. »
(Viginier, P.,
La France dans l'économie du savoir : pour une dynamique collective, Commissariat général du plan, 2002, consulté le 24-08-2010)
Savoir et production
« Depuis quelques années émerge une conceptualisation du postfordisme en termes d' [sic]
économie du savoir ("knowledge-based economy"). Cette notion a été reprise officiellement par les États de l'Union européenne en mars 2000 […]. La structure productive, mais aussi la domination économique reposent sur l'innovation, la maîtrise de l'information et le traitement de l'information.
Les questions de savoir et de connaissance sont traitées selon de multiples approches. […] La relation à l'information et aux savoirs pourrait être au cœur d'une nouvelle configuration du capitalisme. […]
La domination industrielle dans une
économie basée sur le savoir donne une sensibilité accrue autant au
brain drain (vers les pays du Nord en général et américain en particulier) qu'au formatage du savoir. »
(Lamarche, T.,
« De l'école du savoir à l'économie du savoir », dans
Terminal, n
o 83, 2000, consulté le 24-08-2010)
Le savoir et l'information deviennent des éléments de plus en plus centraux de la production. Certains auteurs considèrent que « le travail cesse d'être le cœur des rapports sociaux capitalistes et, simultanément, le créateur de la valeur dont s'empare le capital. Celle-ci trouve désormais sa source dans la connaissance, qui devient la principale force productive. Contre cette interprétation, d'autres auteurs appartenant eux aussi au mouvement altermondialiste, mais se référant plutôt à une analyse marxienne […] font valoir […] que le travail intellectuel reste du travail. »
(Attac,
Le Petit Alter, dictionnaire altermondialiste, Paris, Mille et une nuits, 2006, p. 77)
Répercussions sur le monde du travail
« La nouvelle
économie du savoir recoupe des tendances souvent contradictoires : la réorganisation du travail et de la production, la multiplication des identités professionnelles, la prolifération des statuts d'emploi et des trajets de carrière, l'expansion du travail atypique, etc. »
(Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail,
« Sous-thèmes »,
Colloque international « La citoyenneté au travail? », Québec, CRIMT, 2004, consulté le 24-08-2010)
Pour certains observateurs, l'accumulation de connaissances profiterait aux travailleurs qui, en détenant le savoir, pèsent sur le processus de production. Pour d'autres, ce nouveau stade du capitalisme augmenterait l'exploitation des travailleurs en les dépossédant de leurs connaissances et en affaiblissant la distinction entre travail et vie privée.
Classement des industries selon le savoir
Frank Lee et Handan Has (1997) utilisent « six critères en vue de classer les industries selon le savoir : trois critères concernent les activités de recherche et développement (R-D) et les trois autres portent sur le capital humain. Les industries à fort coefficient de R-D et celles qui utilisent une proportion élevée de scientifiques et d'ingénieurs sont classées dans le savoir élevé. […]
Les industries du savoir élevé se caractérisent par la prépondérance d'actifs intangibles, la présence d'activités à fort contenu de connaissances et l'utilisation d'une main-d'œuvre hautement spécialisée.
De façon simple, cette classification définit les industries du savoir élevé comme étant celles liées à l'innovation et aux nouvelles technologies. Les industries du savoir moyen correspondent généralement à des productions de masse et à des secteurs matures (automobiles, produits électriques, métaux primaires, textiles, papier, plastiques, aliments, boissons, etc.). Quant aux industries de faible savoir, ce sont généralement des activités à fort coefficient de main-d'œuvre (bois, meuble, commerce de détail, vêtement, etc.). »
(Ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation,
L'économie du savoir au Québec, 2005, consulté le 23-04-2009)
L'économie du savoir et la division internationale du travail
Les entreprises transnationales « tendent à externaliser la production et la fabrication au Sud, pour ne garder que la recherche-développement, le marketing et la vente au Nord […]. C'est ce qui se passe avec l'Afrique, le Moyen-Orient et dans une moindre mesure l'Amérique latine. C'est moins le cas aujourd'hui avec l'Inde, qui a su maintenir localement ses ingénieurs (notamment informaticiens), tout en les faisant travailler pour des projets de firmes occidentales, et avec la Chine, qui fait désormais entrer systématiquement le transfert de connaissances. »
(Attac,
Le Petit Alter, dictionnaire altermondialiste, Paris, Mille et une nuits, 2006, p. 79)
« La migration des emplois du Nord vers le Sud ne représente qu'un aspect de la question. Il y a aussi une migration des travailleurs du Sud vers le Nord (chose courante dans le secteur de l'informatique, du moins jusqu'à l'éclatement de la bulle des
dotcoms). Or, à juste titre, les pays en développement qui ont investi dans l'instruction de leur jeunesse apprécient de moins en moins que cette instruction serve à travailler à l'étranger. »
(Organisation internationale du travail,
Nord-Sud ou Sud-Nord?, 2003, consulté le 03-08-2009)
Vers la privatisation du savoir?
Pour rendre compte de l'évolution de la place prise par la connaissance dans l'économie, il faut considérer « le passage d'un statut de bien collectif libre à celui de bien marchand, c'est-à-dire d'une marchandise sur laquelle des droits de propriété pourront être instaurés et ensuite protégés par des brevets. […] L'émergence d'une "
économie de la connaissance" correspond donc à un approfondissement du capitalisme par la transformation d'un bien gratuit en un bien marchand […]. Les droits de propriété intellectuelle constituent l'outil essentiel de cette mutation. »
(Attac,
Le Petit Alter, dictionnaire altermondialiste, Paris, Mille et une nuits, 2006, p. 77-79)