Dans la définition de l'Organisation internationale du travail (OIT), le travail forcé comporte deux éléments essentiels : le travail ou le service exigé est exécuté sous la menace d'une peine et contre la volonté de la personne. La peine en question n'est pas nécessairement une mesure pénale et peut consister en une perte de droits et de privilèges. La menace de rétorsion peut par ailleurs revêtir les formes les plus diverses, pouvant aller jusqu'à la violence ou la contrainte physique, voire aux menaces de mort adressées à la victime ou à ses proches. Les employeurs peuvent recourir à des mesures d'ordre financier – prélèvement d'une partie du salaire pour le remboursement des dettes, non-paiement du salaire, perte de salaire accompagnée d'une menace de licenciement si le travailleur refuse de travailler davantage que prévu par les dispositions de son contrat ou de la législation nationale; ils exigent parfois des travailleurs qu'ils leur remettent leurs pièces d'identité, ou ils les contraignent à travailler en les menaçant de confisquer lesdits documents.
Formes de travail forcé définies par l'OIT :
- esclavage et enlèvements;
- participation obligatoire à des travaux publics;
- travail forcé dans l'agriculture et dans les zones rurales éloignées;
- employés de maison en situation de travail forcé;
- servitude pour dettes;
- travail forcé imposé par les militaires;
- travail forcé lié à la traite des êtres humains;
- travaux pénitentiaires.
(adapté du Bureau international du travail,
Une alliance mondiale contre le travail forcé, Genève, Conférence internationale du travail, 93
e session, 2005, consulté le 25-07-2010)
En raison de la nature illégale du phénomène, il n'existe aucune donnée fiable sur le nombre de
travailleurs forcés. Mais l'OIT estime à 12,3 millions de personnes au moins le nombre de victimes du travail forcé dans le monde. Près de 10 millions d'entre elles sont exploitées par des agents privés, dont plus de 2,4 millions du fait de la traite des êtres humains. On compte en outre, 2,5 millions de personnes astreintes à un travail forcé par l'État ou des groupes militaires rebelles.
(adapté du Bureau international du travail,
Une alliance mondiale contre le travail forcé, Genève, Conférence internationale du travail, 93
e session, 2005, consulté le 25-07-2010)
« Le travail forcé est l'antithèse du travail décent. » Selon un récent rapport du Bureau international du travail, « le travail forcé est un problème mondial auquel sont confrontés tous les pays, toutes les régions du monde et tous les types d'économie. La région où se trouvent le plus grand nombre de
travailleurs forcés est l'Asie, avec 9,5 millions de personnes. L'Amérique latine et les Caraïbes en comptent en tout 1,3 million, l'Afrique subsaharienne 660 000, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord ensemble 260 000. Trois cent soixante mille subissent le travail dans les pays industrialisés et 210 000 dans les économies en transition. L'exploitation économique forcée, dans des secteurs tels que l'agriculture, la construction, les briqueteries et les ateliers clandestins, se répartit à part à peu près égale entre les deux sexes. Cependant, l'exploitation sexuelle commerciale forcée concerne en grande majorité des femmes et des jeunes filles. […] Approximativement, un cinquième de tous les
travailleurs forcés sont victime de traite, mais la proportion varie d'une région à l'autre. »
(Bureau international du travail,
« Selon un nouveau rapport du BIT, au moins 12,3 millions de personnes sont victimes du travail forcé dans le monde », 2005, consulté le 25-07-2010)