Après leur arrivée dans le pays d'accueil, la plupart des migrants maintiennent des liens sociaux et économiques avec leur pays d'origine, notamment sous la forme d'envois de fonds privés. Dans certains pays en développement, de tels fonds peuvent constituer une partie importante des transferts unilatéraux et jouer sur la balance des paiements.
L'étude de la
migration transnationale englobe tant les phénomènes de la migration clandestine et illégale que de la migration légale; et soulève les questions de la migration des travailleurs peu qualifiés et des travailleurs hautement qualifiés.
Une perspective transnationale sur la migration
La perspective transnationale adoptée dès les années 1990 renouvelle l'étude des processus migratoires (Basch, L., N. Glick Schiller et C. Szanton-Blanc, 1994). Elle présente l'avantage d'échapper à une vision bipolaire de la migration et à la dichotomie « départ/arrivée; installation/retour; temporaire/permanent ».
(adapté de Catarino, C. et M. Morokvasic,
« Femmes, genre, migration et mobilités », dans
Revue européenne des Migrations internationales, vol. 21, n
o 1, 2005).
En cela, la perspective transnationale fait progresser la réflexion sur la mobilité des migrants – intégrés dans différents réseaux souvent enchevêtrés – et sur les ressources mobilisées. Elle permet d'explorer les activités religieuses, économiques et politiques de ces derniers.
(adapté de Razy, E.,
European Conference on African Studies : En Afrique et hors de ses frontières : la famille dispersée soninké aujourd'hui, Leiden, Africa-Europe Group for Interdisciplinary Studies, 2007)
Vers l'élaboration d'un régime international de la migration?
Le contrôle et la gestion de la
migration transnationale relèvent fondamentalement des gouvernements nationaux. Jusqu'à présent, peu d'efforts ont été investis pour établir un régime international de la
migration transnationale. Elle est en partie couverte par les conventions de l'Organisation internationale du travail; une coopération limitée est prévue sous l'Accord général sur le commerce et les services (AGCS). Des activités d'entraide et de solidarité se font jour pour assurer une meilleure protection des travailleurs migrants temporaires ou clandestins.
Par les politiques d'immigration, les gouvernements tendent à fixer les conditions d'entrée sur leur territoire en fonction des besoins de leur marché du travail.
Les permis de travail et la citoyenneté
L'idée de citoyenneté couvre un vaste registre conceptuel qui englobe une panoplie de droits civiques, politiques, sociaux, économiques et culturels. La plupart des sociétés occidentales sont le théâtre de luttes sociales pour l'élargissement de ces droits et une redéfinition de la citoyenneté pour les migrants et les résidents permanents.
Elles cherchent les modalités politiques permettant de revaloriser leur citoyenneté et définissent les mécanismes de gestion et de contrôle de l'immigration régulière et irrégulière, d'octroi des permis de travail temporaires et des statuts de demandeurs d'asile et de réfugiés.
À cause de la nature transnationale de l'identité des migrants, une citoyenneté universelle ou transnationale ne serait-elle pas mieux adaptée à la situation actuelle? De plus en plus de pays acceptent aujourd'hui les doubles, voire les triples, nationalités.
(adapté de Labelle, M. et D. Salée,
« La citoyenneté en question : l'État canadien face à l'immigration et à la diversité nationale et culturelle », dans
Sociologie et sociétés, vol. 31, n
o 2, 1999, consulté le 09-05-2010)
De nombreux travailleurs migrants n'ont pas accès à la citoyenneté et n'ont le droit de travailler que grâce à l'octroi de visas ou de permis de travail temporaires. D'autres migrants sont sans-papiers et font partie de l'économie clandestine.
Travailleuses domestiques et chaîne mondiale des soins
La migration des femmes représente un phénomène de plus en plus étudié dans le cadre des flux migratoires, notamment en raison des foyers transnationaux créés par ce type de migration :
« Beaucoup d'employées de maison et de soignantes qui abandonnent leur demeure pour s'occuper d'autrui à l'étranger ont aussi à prendre en charge leurs propres enfants et parents âgés. D'ordinaire, les femmes migrantes délèguent cette responsabilité à d'autres femmes de la famille – ou, avec leurs gains plus élevés à l'étranger, louent les services d'employées de maison à revenu plus faible pour gérer leur propre foyer. Ce phénomène est connu sous le nom de "chaîne mondiale des soins", régime international des soins stratifié par classe et, souvent, par appartenance ethnique. »
(Fonds des Nations unies pour la population,
« Un fleuve puissant mais silencieux : les femmes et la migration », dans
L'État de la population mondiale 2006, New York, UNFPA, 2006, consulté le 09-05-2010)
L'exode des cerveaux
La plupart des études concernant la
migration transnationale se portent sur les personnes obligées d'émigrer pour des raisons financières ou pour éviter des situations d'oppression dans leur pays d'origine. Pourtant, des professionnels et des entrepreneurs font aussi partie des flux migratoires, comme dans le cas des migrants de Hong Kong à Vancouver ou des migrants européens au sein des pays membres de l'Union européenne.
Dans certains pays en développement, la fuite des personnes hautement qualifiées est un phénomène important. Cet exode crée des liens entre le pays d'origine et le pays d'accueil. Les migrants qui retournent au pays reviennent avec une qualification et une expérience de travail qui favorisent la croissance. Les expatriés qui restent à l'étranger envoient de l'argent au pays en transférant une partie de leur salaire de travailleur. De nombreux observateurs estiment que les transferts de connaissances ou de technologie en faveur des pays en développement sont un facteur de développement économique.
Par contre, « un petit nombre de pays en développement perdent 10 à 30 pour cent, parfois beaucoup plus, de leurs ressortissants ayant un haut niveau d'éducation. […] Il ne fait pas de doute que des exodes de compétences aussi considérables peuvent devenir un véritable défi pour certains pays en développement. »
(Lowell, L. et A. Findlay,
L'émigration de personnes hautement qualifiées de pays en développement : impact et réponses politiques – Rapport de synthèse, Genève, Bureau international du travail, 2002, consulté le 09-05-2010)