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TRAVAILLEUR EN ATELIER DE MISÈRE

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Équivalents : SWEATSHOP WORKER
TRABAJADOR DE TALLER DE TRABAJO ESCLAVO
Domaine : Travailleur

Définition

Travailleur soumis à une exploitation outrancière et à une discipline arbitraire dans un atelier insalubre où il exécute ses tâches dans des conditions médiocres, voire dangereuses, contre un salaire insuffisant pour vivre et sans bénéficier d'avantages sociaux.
(adapté d'Amnistie internationale, section canadienne francophone, « Questions-Réponses sur les "ateliers de misère" », 2004, consulté le 21-07-2010)

Contexte

« En Chine, les nombreuses jeunes femmes et fillettes qui migrent massivement des zones rurales vers les grandes villes du pays sont particulièrement exposées au travail forcé et à l'exploitation sexuelle. Un grand nombre de migrants chinois sont également victimes de réseaux qui les font entrer clandestinement dans des pays d'Europe ou d'Amérique du Nord pour travailler dans des enclaves commerciales ethniques. Ces travailleurs en atelier de misère se retrouvent alors piégés et obligés de travailler comme des esclaves. »
(Organisation internationale du travail, « Rapport global sur le travail forcé : La servitude pour dettes, le trafic de main-d'œuvre et le travail forcé imposé par l'État dans les pays d'Asie », 2005, consulté le 21-07-2010)

Description

Les ateliers de misère sont des usines ou des ateliers où règnent des conditions de travail inacceptables, caractérisées par des salaires qui ne permettent pas de vivre, de trop nombreuses heures supplémentaires forcées et souvent non payées, peu ou pas de protection de la santé des travailleurs, peu ou pas de normes de sécurité, le non-respect du droit à la syndicalisation, des cas fréquents de harcèlement et de violence. Les femmes, jeunes et immigrantes, y sont majoritaires et sont employées en grande majorité dans l'industrie du textile et du vêtement.

Plus précisément, le travail dans ces ateliers est caractérisé par :
  • un salaire qui ne permet pas de vivre dignement (c'est-à-dire couvrant au minimum la nourriture, le logement et les besoins des enfants);
  • un travail répétitif et physiquement pénible, voire dangereux pour la santé;
  • de très mauvaises conditions de travail (mauvaise aération, mauvais éclairage, insalubrité, exposition au froid ou à la chaleur, etc.);
  • de très mauvaises relations de travail (non-respect des droits élémentaires d'association et de syndicalisation, violence verbale et physique, non-respect des droits minimaux du travail, etc.).
En résumé, il s'agit souvent d'ateliers d'exploitation, parfois violente, d'une main-d'œuvre pauvre et sans recours. Sans être exclusifs au secteur du vêtement, ces ateliers y sont très présents.

Les ateliers de misère sont nés de la libéralisation de plus en plus poussée du commerce qui permet aux employeurs de placer les travailleurs de différentes régions du monde en situation de concurrence. Dans l'industrie du vêtement et de la chaussure, les mauvaises conditions de travail sont devenues un élément de stratégie concurrentielle. Ainsi, la production est continuellement déplacée vers des régions où les travailleurs sont le moins bien payés et supportent les pires conditions. Peu soucieuses des questions juridiques et éthiques, de nombreuses entreprises de ce secteur, en concurrence pour conquérir des marchés, ont recours à des ateliers de misère pour produire à moindre coût et font travailler à des cadences insupportables des personnes démunies de droits et de recours.
(adapté du Centre international de solidarité ouvrière, « Ateliers de misère : Définition et contexte », [s. d.], consulté le 21-07-2010)
Dictionnaire analytique de la mondialisation et du travail
© Jeanne Dancette