Historique
Le concept de «
workfare » vient de l'économiste Joseph Schumpeter. Le terme est la contraction de l'expression anglaise «
welfare to work ». L'idée de base est que, pour recevoir certaines prestations d'assistance publique telles que les prestations de chômage, il faut en contrepartie fournir un travail. Le concept se distingue donc du «
welfare », fondé sur une couverture des risques sociaux associés aux défaillances du marché du travail. Le
workfare fait valoir une optique contractualiste liant les droits et les obligations des individus. Ce type de système de sécurité sociale est répandu dans les pays anglo-saxons, aux États-Unis et en Australie, entre autres.
« [N]ombre d'analystes concluent à la nécessité d'un passage du
welfare traditionnel, basé sur des compensations financières des divers risques, vers un
workfare fondé sur une série d'incitations mobilisant la stratégie des acteurs eux-mêmes pour éviter la plus grande partie des risques, en particulier ceux liés au chômage. »
(Boyer, R.,
« Comment concilier solidarité sociale et efficacité économique à l'ère de la globalisation : une lecture régulationniste », dans S. Paugam,
Repenser la solidarité, Paris, PUF, 2007, consulté 28-04-2010)
La flexicurité et le workfare
Les deux approches, généralement présentées comme complémentaires, mettent l'accent sur l'employabilité des travailleurs et leur réinsertion dans le marché du travail.
L'
allocation conditionnelle vise à augmenter les possibilités d'embauche des travailleurs au chômage en leur demandant de s'adapter aux nouvelles exigences du marché du travail. La flexicurité vise à améliorer simultanément la flexibilité et la sécurité de la main-d'œuvre. Par l'accès aux prestations de la sécurité sociale, les travailleurs doivent acquérir les compétences qui leur permettent de progresser dans leur vie professionnelle et de les aider à trouver un nouvel emploi offrant une certaine sécurité.
(adapté de Vielle, P.,
« Flexicurité : redéfinir la sécurité des citoyens européens », dans Observatoire social européen,
Policy Paper, n
o 1, 2007, consulté le 28-04-2010)
Discussion critique du workfare
« Certains chercheurs critiquent le
workfare par rapport aux objectifs explicites des programmes [d'assistance sociale] et des types de régulation de l'emploi que ces politiques ont pour fonction d'assurer.
Pour Eric Shragge (1997), les programmes de
workfare ne font que réorganiser la file d'attente en matière de soutien du revenu. Ils préservent le lien des chômeurs avec le marché du travail et maintiennent un bassin de main-d'œuvre à bon marché (l'"armée de réserve"), qualifiée et disciplinée. Ernie S. Lightman (1997) affirme, pour sa part, que les programmes de
workfare sont une composante d'une stratégie plus large de démantèlement des programmes sociaux […] qui passe par la réduction de la responsabilité publique en matière de services sociaux. D'autres auteurs mettent en relief la dureté du
workfare en restituant ces politiques dans une perspective historique. Les nouvelles obligations du
workfare sont comparées aux formes anciennes de mise au travail des pauvres (Mullaly, Weinman, 1994; Shragge, 1988; Struthers, 1983). »
(Morel, S.,
Modèle du workfare ou modèle de l'insertion? La transformation de l'assistance sociale au Canada et au Québec?, Ottawa, Condition féminine Canada, 2002, consulté le 28-04-2010)