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MONDIALISATION DU TRAVAIL

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Synonymes ou variantes : MONDIALISATION DE LA MAIN-D'ŒUVRE
Équivalents : GLOBALIZACIÓN DEL TRABAJO
GLOBALIZATION OF WORK
Domaine : Régulation du travail
Travailleur

Définition

Phénomène de restructuration de la main-d'œuvre à l'échelle mondiale. Par extension, effets sociaux et économiques de la mondialisation sur la main-d'œuvre à l'échelle mondiale.

Description

La restructuration de la main-d'œuvre à l'échelle planétaire s'impose sous l'effet de facteurs démographiques, économiques, technologiques et sociaux liés à la mondialisation.

Accroissement de la main-d'œuvre

« Depuis une vingtaine d'années, on assiste à la mondialisation du travail. On estime que l'intégration de la Chine, de l'Inde et des pays de l'ex-bloc soviétique à l'économie mondiale, ainsi que la croissance démographique, ont multiplié par quatre la main-d'œuvre effective dans le monde. Et elle pourrait encore doubler d'ici à 2050. […] Les pays avancés puisent dans cette réserve croissante de main-d'œuvre par l'importation de produits finis, la fabrication à l'étranger de biens intermédiaires et l'immigration. »
(Jaumotte, F. et I. Tytell, « La mondialisation du travail », dans Finances & développement, juin 2007, consulté le 10-05-2010)

Changement technologique

« Le progrès technologique en particulier a eu pour effet de comprimer la part du revenu allant à la main-d'œuvre non qualifiée, dont la rémunération réelle totale n'a donc que très peu augmenté, comme aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada. En outre, l'écart de rémunération s'est accru entre travailleurs qualifiés et travailleurs non qualifiés, alors que l'emploi de ces derniers restait stable. En Europe (hors Royaume-Uni), en revanche, les rémunérations réelles des uns et des autres ont évolué à peu près de concert, mais l'emploi a reculé pour les travailleurs non qualifiés. »
(Jaumotte, F. et I. Tytell, « La mondialisation du travail », dans Finances & développement, juin 2007, consulté le 10-05-2010)

Reconfiguration des systèmes de production

« Le [phénomène] le plus frappant est la reconfiguration des systèmes de production à l'échelle mondiale qui, avec l'instauration de nouvelles logistiques et la libéralisation des marchés, a conduit à un accroissement de la mobilité du capital lui permettant d'opérer un chantage à l'investissement et à l'emploi, soit pour engager les États dans des logiques de dumping fiscal et social, en particulier en matière de régulation du travail, soit directement auprès des travailleurs et de leurs organisations collectives pour obtenir toutes formes de concessions.
(Haiven, L., S. Le Queux, C. Lévesque et G. Murray, « Le renouveau du syndicat et la restructuration du travail », dans Just Labour, vol. 6 & 7, 2005, consulté le 05-01-2010)

La main-d'œuvre bénéficie-t-elle de la mondialisation?

« Quels que soient les contextes nationaux, rares sont ceux aujourd'hui qui se trouvent épargnés par les restructurations économiques et sociales. […] Les conséquences, pour les travailleurs, sont lourdes et patentes : exigences croissantes de flexibilité, concessions salariales, atteintes aux avantages sociaux et à la sécurité d'emploi, menace de privatisation des services et donc des emplois publics, délocalisation de la production, etc. »
(Haiven, L., S. Le Queux, C. Lévesque et G. Murray, « Le renouveau du syndicat et la restructuration du travail », dans Just Labour, vol. 6 & 7, 2005, consulté le 05-01-2010)

« La mondialisation a d'importantes implications économiques et politiques pour les États nationaux, les travailleurs et les organisations syndicales. D'abord, elle peut contribuer à l'exclusion d'une part importante de la population mondiale du développement économique et social, comme c'est le cas actuellement de l'Afrique, et accroître les niveaux de chômage, la pauvreté et les disparités salariales entre pays à l'échelle mondiale.

Au plan politique, la mondialisation a engendré une remise en question du rôle de l'État dans la régulation économique et sociale, qui s'est traduite par une déréglementation et une privatisation des services publics, limitant ainsi la capacité des États nationaux à adopter des politiques publiques régissant la croissance économique, les prix et les salaires, le chômage et la redistribution des revenus (Servais, 2000; Stiglitz, 2002).

Le déplacement des investissements des entreprises multinationales vers les pays offrant aux travailleurs des régimes de protection sociale et des salaires inférieurs a contribué à une dégradation des conditions de travail dans les pays industriels développés, qui se manifeste notamment par des pertes et des délocalisations d'emplois, et un recours accru à la sous-traitance et aux emplois précaires. »
(Bourque, R., Les accords-cadres internationaux (ACI) et la négociation collective internationale à l'ère de la mondialisation, Genève, Institut international d'études sociales, Organisation internationale du travail, DP/161, 2005, consulté le 09-07-2010)

Le Fonds monétaire international présente un tableau optimiste :

« Les pays avancés ont largement bénéficié de l'intégration des travailleurs des pays émergents et des pays en développement à la main-d'œuvre mondiale. Certains redoutent que la mondialisation tire les salaires vers le bas, mais depuis 1980, la rémunération totale du travail a progressé cumulativement de 60 % dans les pays avancés : la mondialisation a multiplié les débouchés commerciaux, tandis que la productivité et la production bénéficiaient de la baisse du coût des intrants et de la plus grande efficacité de l'appareil productif. La baisse des prix des biens échangés depuis 25 ans s'est traduite par une hausse moyenne de 6 % de la production et de la rémunération réelle du travail dans les pays avancés. »
(Jaumotte, F. et I. Tytell, « La mondialisation du travail », dans Finances & développement, juin 2007, consulté le 10-05-2010)

La protection des travailleurs à l'échelle mondiale relève de nombreux acteurs internationaux, tels que l'Organisation internationale du travail (OIT) et les organisations syndicales transnationales.

Rôle de l'OIT

Créée en 1919, l'OIT est une agence tripartite de l'ONU qui rassemble gouvernements, employeurs et travailleurs de ses États membres dans une action commune pour promouvoir le travail décent à travers le monde. Elle est « chargée d'élaborer les normes internationales du travail et de veiller à leur application. »

L'OIT se consacre à « améliorer l'accès des hommes et des femmes à un travail décent et productif, dans des conditions de liberté, d'équité, de sécurité et de dignité. Elle a pour principal objectif de promouvoir les droits au travail, d'encourager la création d'emplois décents, de développer la protection sociale et de renforcer le dialogue social dans la gestion des problèmes liés au monde du travail. »
(Organisation internationale du travail, « À propos de l'OIT », [s. d.], consulté le 10-05-2010)

Rôle des organisations syndicales transnationales

« Les transformations économiques et politiques induites par la mondialisation ont conduit les organisations syndicales nationales et internationales à adopter de nouvelles stratégies et structures d'action afin d'assurer la protection des droits des travailleurs à l'échelle mondiale. […]

Les confédérations syndicales mondiales interviennent principalement sur les questions de reconnaissance des droits syndicaux et de normes internationales du travail auprès des gouvernements nationaux et des organisations intergouvernementales. »
(Bourque, R., Les accords-cadres internationaux (ACI) et la négociation collective internationale à l'ère de la mondialisation, Genève, Institut international d'études sociales, Organisation internationale du travail, DP/161, 2005, consulté le 09-07-2010)
Dictionnaire analytique de la mondialisation et du travail
© Jeanne Dancette