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DÉLOCALISATION À L'ÉTRANGER

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Synonymes ou variantes : DÉLOCALISATION INDUSTRIELLE
TRANSFERT D'ACTIVITÉS À L'ÉTRANGER
Équivalents : DESLOCALIZACIÓN EN EL EXTRANJERO
OFFSHORING (En)
Domaine : Organisation de la production

Définition

Déplacement vers un pays étranger d'une activité économique dont la production est ensuite importée.

Description

Caractéristiques de la délocalisation à l'étranger

La délocalisation peut être absolue ou relative. Elle est absolue lorsque l'entreprise supprime une unité de production ou d'assemblage dans un pays A pour la transférer vers un pays B. Elle est relative lorsque l'entreprise s'implante à l'étranger sans fermer d'unité dans le pays A.

L'implantation à l'étranger peut se faire par : créations de filiales (dites Greenfield); fusions et acquisitions (F&A), lorsque la délocalisation se traduit par un transfert de capitaux à l'étranger; alliances stratégiques (sans lien en capital); accords de coentreprise; accords de licence; accords de sous-traitance internationale.
(adapté de Mouhoud, E., Mondialisation et délocalisation des entreprises, Paris, La Découverte, 2006, p. 9)

Évolution du phénomène

« Depuis le début des années 1990, à la faveur de la libéralisation du commerce international des services et de la diffusion des technologies de l'information et de la communication, s'amorce un processus de délocalisation de certaines activités tertiaires. Ce phénomène, baptisé Business Process Outsourcing (BPO), se définit comme le transfert d'une partie de la production nationale de services dans des pays à bas coût suivi de sa réimportation sur le marché domestique. [...]

Les délocalisations dans les pays à bas salaires qui existent depuis longtemps ont connu un certain ralentissement dans les années 1980 puis une reprise dans la seconde moitié des années 1990 et les années 2000. […] La fragmentation de la production touche désormais aussi les services (centres d'appel, saisie informatique, réservations…). La sélection géographique est liée à la nécessité pour un pays à bas salaires de disposer aussi d'infrastructures de transport et de télécommunication efficaces. »
(Mouhoud, E., Mondialisation et délocalisation des entreprises, Paris, La Découverte, 2006, p. 27 et 30)

Le phénomène de délocalisation à l'étranger est lié à la capacité des sociétés transnationales de restructurer leurs activités productives sur la base de chaînes de montage mondiales.

Avantages pour l'entreprise

« Les coûts salariaux constituant la part la plus importante des coûts de production, le transfert s'effectue vers des pays où les coûts salariaux sont inférieurs à ceux du pays d'origine. Du "nord" vers le "sud", mais aussi d'un pays du Nord vers un autre. »
(Ghorra-Gobin, C., Dictionnaire des mondialisations, Paris, Armand Colin, 2006, p. 95)

Par ailleurs, les gouvernements accordent des aides à l'implantation telles que dégrèvements fiscaux et subventions afin de faciliter l'implantation d'entreprises étrangères dans leur pays. « Plusieurs facteurs présentent un poids aussi, sinon plus, important que le coût du travail : le degré d'encastrement des investissements existants, incluant ceux effectués dans les ressources humaines; l'accès aux marchés et l'approvisionnement d'autres facteurs de production à prix avantageux tels que l'énergie. »
(Lévesque, C. et G. Murray, « Le pouvoir syndical dans l'économie mondiale : clés de lecture pour un renouveau », dans la Revue de l'IRES, no 41, vol. 1, 2003, consulté le 24-08-2010)

Effets de la délocalisation sur le marché du travail

« Les processus de délocalisation [...] attirent l'attention des partenaires sociaux. Les syndicats s'intéressent plus particulièrement à l'impact économique et social des délocalisations sur les régions touchées et s'inquiètent notamment des conséquences pour les travailleurs concernés. Les associations d'employeurs soulignent souvent les pressions de la concurrence internationale et demandent l'adoption de conditions favorables aux entreprises afin d'éviter la désindustrialisation et d'assurer le développement d'activités économiques dans le pays en vue d'améliorer la croissance économique et de préserver les niveaux d'emploi.

Parallèlement, la délocalisation de la production est généralement source de conflits et de litiges au niveau de l'entreprise et devient souvent un sujet de négociation collective, ce qui en fait une question évidente de relations industrielles. La délocalisation de la production est une source de préoccupation pour les acteurs des relations industrielles, surtout lorsqu'il s'agit du transfert de la production à l'étranger; en effet, elle induit nettement moins de conflits lorsqu'il s'agit de transferts vers l'intérieur. Toutefois, il ne faut pas considérer qu'aux "points de destination" les délocalisations ne posent pas de problèmes aux relations industrielles. De fait, lorsque la réglementation du travail et les systèmes de relations industrielles sont des motifs de délocalisation, il devient évident que la question du soutien de relations de travail collectives appropriées dans les pays de destination peut faire partie des objectifs des partenaires sociaux et des décideurs, aussi bien dans le pays d'origine que dans le pays de destination. […]

Qu'elle soit menace ou réalité, la délocalisation peut, selon certains observateurs, être à l'origine de certaines formes de négociations de compromis et risque d'entraîner un phénomène dit de "regime shopping" selon lequel les entreprises cherchent à s'implanter là où elles pensent trouver le régime de réglementation le plus favorable […] Les pressions ainsi exercées sur le cadre de réglementation risquent d'entraîner une véritable course vers le bas ("race to the bottom") en termes de [sic] conditions d'emploi.

Selon de nombreuses analyses et de multiples commentaires, cette image n'est qu'une illustration partielle des mécanismes en jeu dans la mesure où les dispositions institutionnelles, et notamment la réglementation du travail, peuvent représenter des atouts précieux pour les entreprises en assurant, par exemple, la coopération de la main-d'œuvre ou en contribuant à assurer la disponibilité de niveaux élevés de qualification. De plus, dans bien des cas, les coûts de la délocalisation peuvent être supérieurs aux avantages escomptés, lesquels sont souvent incertains. »
(Pedersini, R., Observatoire européen des relations industrielles (EIRO), « Délocalisation de la production et relations industrielles », 2005, consulté le 24-08-2010)

« Le déplacement des investissements des entreprises multinationales vers les pays offrant aux travailleurs des régimes de protection sociale et des salaires inférieurs a contribué à une dégradation des conditions de travail dans les pays industriels développés, qui se manifeste notamment par des pertes et des délocalisations d'emplois, et un recours accru à la sous-traitance et aux emplois précaires. »
(Bourque, R., Les accords-cadres internationaux (ACI) et la négociation collective internationale à l'ère de la mondialisation, Genève, Institut international d'études sociales, Organisation internationale du travail, DP/161, 2005, consulté le 24-08-2010)

Le phénomène inverse : relocalisation, ou rapatriement de la production

La relocalisation est le « retour dans le pays d'origine d'unités productives, d'assemblage ou de montage antérieurement délocalisées sous diverses formes dans les pays à faibles coûts salariaux. »
(Mouhoud, E., Mondialisation et délocalisation des entreprises, Paris, La Découverte, 2006, p. 39-40)

« Offshoring », « onshoring », « rightshoring », « bestshoring »

L'anglicisme « offshoring » se retrouve fréquemment dans les textes en français. Les termes « rightshoring » et « bestshoring » désignent la stratégie de délocalisation optimale.
(Villeret, B., « Capgemini. Évolution de l'organisation : Pierre Hessler nous explique », dans Le Point, janvier 2005, consulté le 19-04-2007)
Dictionnaire analytique de la mondialisation et du travail
© Jeanne Dancette